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Interview de Marion Roinac, infirmière en prévention

"La prévention, c’est là où tout commence"

 

Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous orienter vers la prévention après 20 ans de carrière comme infirmière?

Après avoir exercé au bloc endoscopique et dans différents services de chirurgie, j’ai ressenti le besoin d’aller voir en amont de la maladie, de me concentrer sur une approche axée sur la prévention. Même si la prévention est une notion qui peut être abordée à tout moment du parcours de soin, je voulais en faire une priorité, parce que pour moi, c’est la base. C’est là où tout commence.

Ce que j’aime dans la prévention, c’est qu’elle permet au patient de devenir acteur de sa santé. Quand on lui donne les bonnes informations au bon moment, on peut éviter beaucoup de choses : des complications, des hospitalisations ou simplement de mauvaises habitudes.

Marion infirmière

Concrètement, à quoi ressemble un entretien de prévention ?

Tout commence avec un questionnaire que le patient complète grâce à un QR code ou un lien sur le site web de l'hôpital. Il y renseigne des infos générales (âge, poids, taille…), ses antécédents, son sommeil, son alimentation, son activité physique, s’il fume, s’il consomme de l’alcool, etc.
Ensuite, on l’appelle. Pendant l’entretien, on revient sur ses réponses, on affine, on discute. L’idée, c’est d’avoir une approche personnalisée. D’abord, on évalue son état de santé, on repère les facteurs de risque selon son âge, on peut détecter des signes précoces de pathologies. Puis, on l’incite à faire les dépistages recommandés, on vérifie le rappel des vaccins, on l’oriente si besoin vers son médecin traitant, un spécialiste ou vers des structures adaptées comme les CPTS, Alimentation ENFINE ou ARCA SUD dans le cas d’addictions par exemple.

Et bien sûr, on partage des conseils concrets pour améliorer son hygiène de vie. L’objectif, c’est vraiment de l’accompagner de façon bienveillante, sans jugement.

 

Quels sont, selon vous, les grands défis pour améliorer la prévention aujourd’hui ?

Le premier, c’est l’accessibilité. Il faudrait que la prévention soit proposée dans des lieux de proximité, plus visibles, pour toucher tout le monde, pas seulement ceux qui sont déjà bien informés. J’imagine des espaces où les gens peuvent venir parler, poser des questions, participer à des ateliers collectifs… Une vraie "maison de la prévention", ouverte à tous.

Et puis, il faut aussi renforcer les liens avec tous les acteurs de terrain multidisciplinaires : les pharmaciens, les médecins de ville, le planning familial, les entreprises, les écoles… C’est en travaillant ensemble, en réseau, qu’on arrivera à faire de la prévention une évidence dans le quotidien de chacun.